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Burundi : Economie numérique rattachée au ministère des Finances, des dimensions à considérer pour sa réussite

Nathan Ntahondi, spécialiste de politiques de développement des TIC et Fondateur du CBETIC

En bref ::::: In a nutshell

L’intégration de l’économie numérique au cœur des politiques financières du Burundi montre combien l’Etat burundais affirme sa détermination de faire du numérique un pilier de transformation du mode de gestion financière publique. Quand bien même cette innovation stimulera l’entrepreneuriat et le renforcement de la transparence dans l’administration des finances publiques, cette configuration soulève également des interrogations à éviter sur la place accordée aux dimensions sociales, éducatives et technologiques du numérique, qui pourraient être reléguées au second plan dans une approche essentiellement budgétaire.

Le rattachement de l’économie numérique au ministère des Finances et du Budget est une preuve irréfutable d’une stratégie méditée sur les priorités gouvernementales en matière de développement durable. Ce choix traduit une détermination affichée de considérer le numérique comme levier d’innovation et un moteur de croissance économique de notre pays. Le numérique participera certainement à la mobilisation des ressources et l’optimisation budgétaire. L’intégration de cette composante au cœur des politiques financières du Burundi montre combien l’Etat burundais affirme sa volonté de faire du numérique un pilier de transformation du mode de gestion financière publique classique. Quand bien même cette innovation stimulera l’entrepreneuriat et le renforcement de la transparence dans l’administration des finances publiques, cette configuration soulève également du questionnement sur la place accordée aux dimensions sociales, éducatives et technologiques du numérique, qui pourraient être reléguées au second plan dans une approche essentiellement budgétaire.  

De manière explicite, la décision de rattacher l’économie numérique au ministère des finances et du budget est une innovation stratégique qui reflète une vision intégrée du développement économique moderne présentant des avantages mais aussi des défis. En effet, en mettant ensemble les finances et le numérique, il sera facile pour le gouvernement d’aligner les investissements technologiques avec les priorités budgétaires nationales. Cette nouvelle approche de développement de l’économie numérique favorisera le projet de digitalisation des services publics, la transparence budgétaire et l’efficacité dans la gestion au quotidien des ressources économiques du pays. La réussite d’une économie numérique attire souvent les investisseurs.

Par contre, en empruntant ce chemin, il faudra éviter de tomber dans le piège de se focaliser sur les urgences budgétaires classiques, oubliant que l’essence de l’économie numérique repose sur le développement des technologies de l’information et de la communication. Celui-ci doit occuper une place de choix pour arriver à une économie numérique réussie. Concrètement, la réussite de cette nouvelle orientation stratégique de développement économique du Burundi reposera sur l’assurance d’investissement dans les infrastructures numériques notamment, la fibre optique, les data center et la connectivité rurale. La réussite du développement des portails pour les impôts, les marchés publics et les services sociaux ne sera que l’aboutissement de la transition de l’administration publique classique à la gouvernance numérique actuellement en vogue dans le monde. Le même investissement devra être orienté dans l’éducation numérique à travers le développement des programmes de formation/sensibilisation des jeunes sur l’utilisation rationnelle des technologies de l’information et de la communication. Enfin, cette nouvelle orientation stratégique montre bel et bien que le numérique n’est plus un simple secteur technique mais plutôt un levier central de transformation économique. Si bien piloté, il pourra devenir un moteur de croissance économique de notre pays.